« Je veux récupérer ce que le cancer du sein m’a enlevé » : 9 femmes nous racontent leur combat contre la maladie
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Le cancer du sein est une maladie malheureusement très répandue. On estime qu'une femme sur huit développera au cours de sa vie un cancer du sein. Bien que cette maladie puisse toucher les deux sexes, les hommes ne représentent qu'1% des cas. Pour les femmes, il s'agit du type de cancer qui les touche le plus fréquemment.
Une fois le diagnostic posé, la chirurgie est généralement le traitement employé pour combattre le cancer, parfois associée à des séances de radiothérapie, hormonothérapie ou chimiothérapie. Le retrait de la tumeur tout comme d'une partie du tissu sain et parfois du sein tout entier provoque un choc émotionnel important chez la patiente et atteint sa confiance en soi. Celle-ci doit en effet à la fois faire face au diagnostic du cancer mais également vivre au quotidien avec les séquelles physiques et psychologiques d'une telle maladie.
Fany a vécu deux années difficiles liées à son cancer du sein : « Le traitement a été difficile, la chimiothérapie très violente pour mon organisme. Je pensais ne pas pouvoir m'en sortir. » On a dû retirer le sein de Fany au cours du traitement. Une fois rétablie, elle a décidé d'entreprendre une reconstruction mammaire. Elle explique : « Tout ce que je souhaitais c'est d'avoir affaire à un médecin professionnel, spécialisé et ayant de bonnes références. Je ne voulais pas confier cette opération à n'importe qui. » La récupération à la suite du traitement fut difficile, c'est généralement le cas. Aujourd'hui Fany se sent la force de tout affronter, avec une envie dévorante de vivre et de profiter de chaque instant.
L'audace, la force de caractère et le courage dont font preuve ces femmes contraste avec le découragement que suppose la longue période de temps qu'elles doivent respecter avant de pouvoir se soumettre à une reconstruction mammaire.
C'est notamment le cas de Caroline qui après son diagnostic a dû subir une mastectomie ainsi que 12 séances de chimiothérapie. Elle attend encore aujourd'hui de pouvoir avoir recours à une reconstruction mammaire. Elle dit être convaincue que le traitement contre le cancer du sein doit s'achever par une reconstruction. Pour Caroline, cette reconstruction va au-delà de l'esthétique, elle permet à la femme de reprendre confiance en elle et de retrouver l'estime de soi. Elle souligne : « C'est le poids et le volume que l'on perd, c'est cet attribut de la femme que l'on a besoin de retrouver ».
Dans son cas de figure, vivant au Mexique, la reconstruction n'est possible que dans certains États où les listes d'attente pour bénéficier de cette chirurgie sont très longues. Malgré les obstacles, elle ne cesse de se battre pour atteindre son objectif. Son désir, comme celui de beaucoup de femmes dans sa situation, est clair et précis : « Je veux récupérer ce que le cancer m'a enlevé. Bien que je sois vivante, je ne me sens pas entière. »
Dans de nombreux cas de figure, la situation politique et économique du pays est la cause du retard immense qui peut exister concernant la prise en charge d'une reconstruction mammaire. Cela fait 5 ans qu'Aline attend sa reconstruction. « L'hôpital responsable de mon opération ne peut pas la pratiquer à cause de la crise ». Opérée au niveau du sein droit, le plus douloureux pour Aline est d'imaginer son apparence à l'heure d'acheter un nouveau vêtement. « Chaque fois que j'achète un vêtement je dois penser à la façon dont il va se voir sur moi, cela me rend très triste. C'est pour cela que j'ai tant besoin de cette opération, pour vivre mieux, parce que je ne serai plus jamais la même autrement ».
Il est vrai qu'il existe encore un important travail à réaliser au niveau de la conscience sociale. La solidarité face au cancer du sein et la normalisation de cette maladie au sein de la société aideraient certainement à ce que les femmes touchées par ce type de cancer arrivent à retrouver confiance en elles.
Ana María affirme en effet qu'il est très difficile de vivre dans une société où l'on accorde plus d'importance à la forme et à la taille des seins qu'à la personne qui se trouve derrière. Dans son cas, la reconstruction mammaire a eu lieu quelques mois après sa mastectomie bilatérale. Elle se souvient de cette période comme d'une étape difficile et anxiogène avec l'incertitude de ne pas savoir comment serait le résultat de sa reconstruction. Elle explique : « Malgré tout cela, le plus difficile de la période post-opératoire a été le drainage des blessures et les douleurs que je ressens encore parfois aujourd'hui. » Elle affirme être maintenant heureuse de son apparence et surtout de sa vie.
Yessy est quant à elle en attente de reconstruction. Un an après avoir subi une mastectomie radicale, la maladie s'est à nouveau déclarée au niveau de son utérus qui a dû être retiré à son tour tout comme ses ovaires. Après de difficiles séances de chimiothérapie qui l'ont épuisée physiquement ainsi que psychologiquement, elle a réussi à retrouver confiance en elle et la volonté de vivre. « Ça m'est égal qu'on doivent me retirer la poitrine, je veux continuer à vivre pour mes filles, une de 15 ans et l'autre de 7 ans. Ce sont elles qui m'ont donné la force de ne pas perdre la foi. » Yessy ajoute : « Aujourd'hui je regarde mon corps dans la glace et je me demande comment j'ai fait pour surmonter tout ça. ». En effet, toutes les femmes ne survivent pas à cette épreuve. À la joie d'avoir vaincu son cancer du sein s'ajoute celle de pouvoir enfin se soumettre à une reconstruction mammaire.
Il est vrai que la reconstruction mammaire est sans doute la meilleure manière de compenser les dommages émotionnels causés par la mastectomie. C'est pour cette raison que Carine la considère comme nécessaire et positive pour l'estime de soi, bien que dans son cas le processus fut long et coûteux. Lucia a quant à elle eu recours à une reconstruction mammaire immédiate, c'est à dire réalisée au cours de la même intervention que celle de la mastectomie bilatérale, une fois la tumeur et le sein retirés. Pour elle, la reconstruction mammaire représente la meilleure manière de reprendre possession de sa féminité après une expérience aussi douloureuse et traumatique. Au bout d'un an, elle a subi une seconde reconstruction car elle n'était pas satisfaite du résultat de la première intervention.
Pour Jmsvarusha, souffrir du cancer du sein l'a motivée à être opérée. « On a pratiqué sur moi une mastectomie avec reconstruction immédiate grâce à la technique de l'expanseur tissulaire au niveau d'un sein, et une tumorectomie avec mastopexie sur l'autre sein. Je n'ai ressenti de douleur à aucun moment mais je me suis sentie très oppressée. On a ensuite pratiqué une liposuccion pour infiltrer de la graisse dans le sein et protéger ainsi la prothèse. » Lorsqu'elle regarde en arrière, ce dont elle veut se rappeler c'est du travail des chirurgiens qui a permis qu'elle vainque cette maladie.
Le travail des oncologues et des chirurgiens est fondamental durant tout le processus de la maladie. Ces professionnels réalisent un travail exemplaire et cherchent toujours la meilleure façon d'intervenir sur la tumeur en fonction de chaque patient. Dans certains cas, il est possible de pratiquer une chirurgie conservatrice qui permet d'extirper la tumeur et le tissu qui l'entoure sans avoir à retirer le sein. L'endroit où se trouve la tumeur, sa taille ou la taille même du sein du patient sont des facteurs déterminants pour étudier la possibilité d'affronter le cancer de cette manière ou s'il est préférable d'opter pour une mastectomie.
Le travail et l'implication du chirurgien est peut-être l'aspect le plus complimenté par les femmes ayant souffert d'un cancer du sein. Laura nous parle en effet de l'excellent accueil qu'elle a reçu tout comme de la patience et de la gentillesse de ces spécialistes qui font face chaque jour au traitement de ce type d'affections. Laura nous raconte encore le travail de titan qu'assument ces professionnels : « Dès le moment où j'ai rencontré le chirurgien qui allait m'opérer je me suis sentie plus tranquille. Il a réussi à me transmettre la confiance dont j'avais besoin et il a parfaitement compris ce que je ressentais et quel était mon but concernant la reconstruction. » Ces chirurgiens font en effet preuve d'humanité envers leurs patients, au-delà de leurs compétences professionnelles.
Le soutien et la gentillesse des chirurgiens et des oncologues ne sont pas les seuls à compter. Il est aussi important que la patiente puisse recevoir un soutien émotionnel spécifique. C'est là qu'interviennent des thérapeutes spécialisés en psychothérapie oncologique, des professionnels qui sont là pour apporter leur soutien à la patiente ainsi qu'à sa famille durant cette période difficile.
Laura nous explique que le retrait de son sein ne la faisait pas se sentir moins femme, mais qu'elle se sentait tout de même affectée psychologiquement car tous les jours elle devait observer dans le miroir les cicatrices de sa mastectomie et cela la renvoyait à cette mauvaise expérience passée. C'est particulièrement à ce moment-là que le choc émotionnel peut être fort, lorsqu'on a vaincu la maladie mais que les lésions restent visibles, synonymes à la fois d'une bataille remportée mais aussi d'une expérience traumatique.
Les chirurgiens et tous les professionnels entourant les femmes atteintes de cancer leur permettent de trouver la force d'avancer, les aident à retrouver leur estime de soi, leur féminité, et ainsi de se sentir à nouveau elles-mêmes, d'avoir confiance en elles.
Le dépistage précoce du cancer du sein reste aujourd'hui la meilleure chance de le combattre efficacement. Bien que le taux de mortalité ait réduit, il est difficile de vaincre complètement un cancer du sein lorsque celui-ci n'est diagnostiqué qu'en phase III. Il est donc vital d'informer suffisamment les femmes et de les encourager à se rendre régulièrement à des séances de contrôles mais aussi de vérifier elles-mêmes au quotidien la bonne santé de leur poitrine grâce à l'autopalpation.
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