"Les prothèses mises sur le marché sont certifiées, contrôlées et présentent une innocuité la plus grande"
Avant une opération de chirurgie esthétique, les patients sont généralement préoccupés par les résultats et les complications ou risques éventuels. Il ne pourrait en être autrement pour les implants mammaires et c'est pourquoi, aujourd'hui le Docteur Pierre Bogaert, répond à nos questions sur le sujet !
Pouvez-vous vous présenter ?
Bonjour, je suis le Docteur Pierre Bogaert, chirurgien esthétique et plastique. J’exerce à Nantes où mon activité se compose de consultations à mon cabinet, d’actes de médecine esthétique, de petite chirurgie et de chirurgie sous anesthésie générale dans 2 cliniques. Mon équipe est dynamique et professionnelle et est composée d’assistantes et infirmière qui accompagnent mes patient(e)s pour une prise en charge globale et personnalisée. Ma conception de mon travail est de proposer un accompagnement psychologique et optimisé adapté à chaque patient(e) afin que le parcours de soin soit bien vécu et que le résultat soit à la hauteur de leur attente. “L’expérience patient” est primordiale dans ma spécialité et j’y attache au quotidien la plus grande attention.
Quelles sont les différentes prothèses qui existent sur le marché ?
Une prothèse mammaire en silicone (ou implant mammaire) est un dispositif médical de classe III c’est à dire destiné à l’implantation définitive dans le corps humain. Il doit obtenir un marquage CE et pour être utilisé en France, doit être inscrit sur le registre LPPR de l’agence nationale de sécurité du médicament et des produits de santé (ANSM). Il doit faire l’objet d’une traçabilité et d’une matériovigilance. L’implant mammaire est composé d’une enveloppe de 3 couches minimum de silicone médicale, dont les caractéristiques peuvent varier, remplie de gel de silicone, d’eau ou d’Hydrogel. Chaque chirurgien plasticien choisira avec la patiente le contenu en sachant que le gel de silicone reste le plus utilisé à ce jour car ses caractéristiques se rapprochent du sein naturel.
Comment choisir sa prothèse ?
Le choix repose avant tout sur l’expérience du chirurgien. Il existe 2 formes de prothèses mammaires: les rondes et les anatomiques (en forme de “goutte d’eau”). On définit une prothèse par sa largeur de base qui est adaptée à la base d’implantation du sein de la patiente et par sa projection qui va permettre d’augmenter le bonnet et notamment la poussée du sein vers l’avant. Un simulation 3D est souvent réalisée dans le but de choisir les prothèses et d’aider la patiente à se projeter dans un résultat qui sera proche de cette simulation et ainsi proposer différents volumes. Cet outil est particulièrement interessant pour rassurer la patiente qui est parfois angoissée du résultat après la chirurgie.
Peut-on allaiter avec des prothèses ?
Il est difficile de promettre un allaitement à la patiente après une augmentation mammaire. Le choix de la voie d’abord ( hémi aréolaire inférieure, sous mammaire, axillaire), la position de l’implant par raport au muscle grand pectoral, la taille de l’implant mammaire, la notion d’allaitement avant la chirurgie lors de précedente grossesse ou non, et enfin les facteurs propres à chaque patiente font l’objet d’une réponse qui se veut modérée. Globalement il est possible d’allaiter après une augmentation mammaire par prothèse mais dans certains cas l’allaitement ne sera pas possible. Dans tous les cas l’information de la patiente est primordiale.
Si je perds en volume après l’allaitement, quels aspects auront mes seins ?
Il existe une grande disparité de poitrine après allaitement. La détente de la peau, le relâchement des ligaments de cooper, la perte de volume glandulaire détermineront l’aspect des seins. Les prothèses ont un volume déterminé et stable, tandis que la grossesse et l’allaitement peuvent modifier le volume du sein à proprement parlé. Là encore de nombreuses variations inter individuelles sont observées. Les prothèses permettent de garder un volume stable.
Le choix du type de prothèse peut-il minimiser le risque de complications ? (rugueux, lisse, rond, etc.)
Les prothèses mises sur le marché sont certifiées, contrôlées et présentent une innocuité la plus grande. Le choix de la texturation appartient au chirurgien et va avoir des avantages et inconvénients qu’il appartient au chirurgien d’expliquer à sa patiente. A l’heure actuelle les prothèses autorisées sont lisses ou micro texturées. Les prothèses macro texturées ont été retirées du marché français en 2018. Les complications opératoires sont un aléas et peuvent survenir quelque soit la prothèse choisie.
Dans quels cas les prothèses doivent-elles généralement être remplacées ?
Les prothèses sont des dispositifs implantés dans l’organisme et qui vont avoir des contraintes mécaniques liées au mode de vie de la patiente et à son intégration dans le corps. En moyenne les implants mammaires ont une durée de vie de 10 ans mais ce n’est pas systématique de les changer si aucun soucis n’est constaté à 10 ans.
Toute prothèse peut être remplacée (ou retirée) en cas de coque (sein dur et douloureux), de douleurs, de déformation du sein, de plis trop importants, de rupture, de rotation, de signes d’infection, ou de cancer du sein.
Un bilan d’imagerie par mammographie, échographie et/ ou IRM devra être fait au moindre signe après examen clinique.
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Quelle est la différence entre une rupture d'implant intracapsulaire et une rupture extra-capsulaire ?
Le gel contenu dans la prothèse est dit cohésif, il ne se répand pas dans le sein car il n’est pas fluide.
Lorsqu’une prothèse est mise en place, en quelques semaines l’organisme fabrique une fine membrane physiologique qui va entourer l’implant.
Lorsque la prothèse se rompt: soit le gel reste contenu dans la loge dont les parois sont la capsule : on parle de rupture intra capsulaire ( cas le plus fréquent lors d’une rupture). Soit le gel traverse la capsule : on parle de rupture extra capsulaire.
Si une patiente décide de retirer ses prothèses, à quoi ressemblera sa poitrine ?
La décision d’un retrait doit faire l’objet d’une reflexion bien élaborée entre le chirurgien et la patiente notamemnt sur les raisons qui motivent le retrait. La poitrine va se retrouver “vidée” le plus souvent et donne un aspect de sein qui retombe, plus petit et par conséquent moins harmonieux. La discussion d’une réinjection de graisse autologue (lipomodelage mammaire) pour palier à cela est souvent envisagée si les conditions médicales le permettent.
Les implants d'aujourd'hui durent-ils toute une vie ?
Non, car par définition un implant est un corps étranger et va subir les effets du temps, des contraintes mécaniques, de choc, de cisaillement inéluctables dans la vie d’une femme. En revanche, selon les recommandations de la SOFCPRE (Société Française de Chirurgie Plastique Reconstructrice et Esthétique ) en l’absence de complications les prothèses mammaires ne sont pas à changer à 10 ans de l’implantation. Un contrôle échographique tous les 2 ans à partir de 10 ans est à réaliser ainsi qu’ un examen clinique annuel.
Comment auto-examiner ma poitrine ?
Palpation de sa poitrine à la recherche d’une masse, une induration, des plis de manière bilatérale. Une fois par mois.
Comment se passe le suivi ? Dois-je consulter tous les ans ?
- Examen clinique annuel après un an d’implantation par le chirurgien plasticien, le gynécologue ou le médecin traitant.
- Echographie mammaire au moindre signe et à partir de 10 ans de l’implantation : tous les 2 ans.
Si je décide de changer de prothèses, les cicatrices seront-elles réalisées au même endroit ?
En fonction de la localisation de la cicatrice, du motif de retrait/ changement, du volume du nouvel implant à ré inserer et du travail à réaliser (changement de loge) le chirurgien donnera son expertise sur le choix le plus approprié de la future cicatrice.
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