LED et maladies veineuses
Les maladies veineuses font partie des manifestations cliniques les plus répandues dans la population. Dans les pharmacies, un patient sur trois vient demander conseil pour des problèmes de jambes.
Une étude menée sur un échantillon représentatif de la population de Bonn montre qu'environ la moitié des habitants de Bonn ont connu des problèmes de jambes au cours des quatre semaines précédant l'enquête, et 15 % ont déclaré porter, actuellement, des bas de compression médicaux ou en avoir portés auparavant.
La plus sévère des maladies veineuses aiguës, la thrombose veineuse profonde, touche, chaque année, 1–2 % de la population. Le risque de développer, dans sa vie, un ulcère de jambe, manifestation la plus grave de la maladie veineuse chronique, est de 1–2 %. À ce coût humain, il faut ajouter le coût réel de la maladie veineuse, sachant que la santé est devenue un facteur économique prépondérant.
Les traitements phlébologiques ont vécu, depuis la fin du XIXème siècle, dans le combat alternatif sclérothérapie/chirurgie. Depuis une dizaine d'années, les traitements endoveineux ont mis au musée cette vieille querelle. Comme d'autres domaines médicaux, l'approche thérapeutique privilégie les traitements ambulatoires et les traitements les moins traumatisants. Dans ce nouvel horizon thérapeutique, les LED peuvent-elles légitimement revendiquer une place en angiologie ?
Diverses pathologies peuvent se bénéficier de l'apport des LED
Les LED sont des ondes électromagnétiques monochromatiques situées dans le visible (400 – 700 nm) et le proche infra-rouge (700 – 1100 nm). Elles sont produites par des semi-conducteurs qui émettent de la lumière au passage d'un courant électrique. On obtient ainsi un dégagement de chaleur minime et un rendement maximum de l'énergie lumineuse. Selon la nature de l'alliage, il y a possibilité de générer les principales couleurs du spectre visible, mais également l'infrarouge.
Les troubles trophiques les plus évolués : les ulcères représentent un domaine pathologique rebelle aux thérapeutiques, même si de nombreux progrès ont été faits. Les ulcères de jambe peuvent persister des années malgré les soins les plus adaptés, avec des répercussions sur la qualité de vie et un risque de surinfection non-négligeable.
De nombreuses études montrent l'intérêt de la photothérapie LED dans la prise en charge des ulcères de jambe. Une étude parue en 2009, publiée par l'équipe de Kelly Steinkopf Caetano, note une diminution très sensible sur la durée de cicatrisation et sur la douleur, en particulier sur les ulcères de grande surface. Des travaux faits à l'université de Bagdad mettent en évidence une augmentation de la circulation collatérale et le débit de la microcirculation.
Enfin, l'étude de Natasha Salansky constate la supériorité sur la douleur de l'ulcére des LED par rapport au placébo et par rapport aux ultra-sons.
Concernant les hypodermites qui font le lit de l'ulcère, les LED, par leur action anti-inflammatoire, peuvent représenter un réel intérêt dans une démarche préventive.
Autres troubles trophiques : les dermites ocres et les pigmentations iatrogènes peuvent bénéficier de la photothérapie LED. Une étude japonaise, en 2004, note l'inhibition par la lumière bleue de la synthèse de mélanine et des hyper-pigmentations.
Les télangiectasies (dilatation vasculaire anormale) sont habituellement traitées par une action directe sur le vaisseau, soit par éradication chimique (sclérothérapie), soit par éradication physique (laser et radio-fréquence). La physiopathologie des télangiectasies s'intéresse aujourd'hui à l'environnement péri-vasculaire et, notamment, à la densité dermique qui pourrait être déficiente et, ainsi, par absence de force de résistance suffisante, favoriser la dilatation de ces micro-vaisseaux. Les LED, en privilégiant la synthèse collagènique par la stimulation fibroblastique, peuvent revendiquer une place dans cette nouvelle réflexion thérapeutique.
La couperose, qui est souvent le reflet d'un derme trop fin, peut également bénéficier, pour les raisons développées ci-dessus, de l'action thérapeutique des LED.
Le lipoedème, outre son apparence inesthétique, représente une des premières causes de lourdeurs de jambe. Cette cellulite localisée dans la partie distale des membres inférieurs bénéficie de la lumière rouge et proche infra-rouge qui vont stimuler la synthèse de cytochrome C oxydase. Celui-ci va favoriser la sortie de l'adipocyte d'ions H+ et Ca ++ et sera responsable d'une augmentation du pH intracellulaire avec ouverture de pores membranaires (libération des triglycérides et des acides gras). De la même façon, la chute du calcium intracellulaire va favoriser l'expression de la lipase enzyme qui va hydrolyser les triglycérides en glycérol et en acides gras.
Ces molécules peuvent alors facilement traverser les pores de la paroi cellulaire et être absorbées et transportées par le système lymphatique du corps pour être métabolisées en énergie, au cours d'exercices ultérieurs après le traitement.
Les pathologies artérielles et micro-circulatoires peuvent également prétendre à un traitement par photothérapie LED. La diminution de la production des cytokines pro-inflammatoires (élément important de la plaque d'athérome) et l'amélioration de la circulation collatérale expliquent leur intérêt potentiel dans l'artériopathie des membres inférieurs. En ce qui concerne la maladie de Raynaud, dysfonctionnement de l'unité micro-circulatoire, une étude de Mohamed Hisan, en 2005, a montré l'augmentation du débit microcirculatoire.
En conclusion
Nous entrons dans une ère passionnante où des réactions intra-cellulaires complexes peuvent être influencées favorablement par l'action de photons émis par des configurations LED très spécifiques, pour l'obtention de résultats significatifs dans des pathologies veineuses lourdes. On peut espérer une action thérapeutique dans d'autres sphères phlébologiques et, également, dans la prévention. Ces lumières à basses énergies, non-invasives, simples d'utilisation et présentant très peu d'effets secondaires ont certainement devant elles un avenir à saisir.
Photos : Dr Jean-Marc Chardonneau