Chirurgie bariatrique : des efficacités différentes
Le surpoids et l'obésité sont actuellement considérés comme une véritable épidémie à travers le monde et leur prévalence a augmenté de 27,5% chez les adultes et de 47,1% chez les enfants entre 1980 et 2013. On estime que l'obésité (IMC > 30 kg/m2) affecte actuellement 17,2% de la population européenne.
En France, la dernière étude Obepi, publiée en 2012, a permis d'estimer qu'environ 15% de la population est en situation d'obésité soit une augmentation de 3,4% comparativement à 2009. L'obésité est un facteur de risque pour le développement de pathologies chroniques comme les maladies cardiovasculaires, le diabète de type 2, l'hypertension, les dyslipidémies, la stéatose hépatique et la dépression. Récemment, il a également été montré que l'élévation de l'IMC est associée à une augmentation des risques de cancer contribuant à l'élévation des frais de santé et des taux de mortalité. Au-delà de la diminution du poids corporel seule, la perte de poids est associée à l'amélioration des atteintes métaboliques associées à l'obésité comme cela a été́ montré au cours de grandes études interventionnelles.
La plupart des interventions de perte de poids consistent généralement en une restriction calorique, une modification de la répartition des macronutriments ainsi qu'une réduction de l'index glycémique. Cependant, ce type d'intervention ne permet pas, le plus souvent, d'atteindre et de maintenir une perte de poids suffisante pour les sujets souffrant d'obésité morbide (IMC > 40 kg/m2).
Pour ces patients, la chirurgie de l'obésité ou chirurgie bariatrique est souvent l'unique traitement permettant une perte de poids et une amélioration métabolique durable.
La chirurgie bariatrique est l'unique intervention permettant une perte de poids ainsi qu'une amélioration des comorbidités à long terme. La prévalence de l'obésité n'ayant de cesse de croître, une augmentation importante des actes de chirurgie bariatrique a été enregistrée au cours des 20 dernières années. L'analyse des actes, dans les hôpitaux français menés entre 2005 et 2011, a montré une multiplication du nombre annuel d'actes d'un facteur 2,5. Le nombre d'interventions pour 100 000 habitants adultes est ainsi passé de 26 à 61 pour 100 000 habitants adultes en 6 ans.
Bien que la chirurgie bariatrique soit généralement considérée comme l'unique traitement permettant une perte de poids durable à long terme chez les sujets atteints d'obésité morbide, les différents types de chirurgie présentent des efficacités différentes.
L'étude de référence SOS, menée en Suède sur une cohorte de patients opérés bariatriques et suivis pendant 15 ans, a permis d'analyser la perte de poids sur le long terme. Les trois types d'intervention suivis au cours de cette étude ont été́ le bypass gastrique, l'anneau gastrique et la gastroplastie verticale calibrée comparativement à une prise en charge non-chirurgicale classique (groupe contrôle). De manière générale, le poids perdu maximal est atteint 1 à 2 ans après l'intervention. Le bypass gastrique a présenté la meilleure efficacité́ de perte de poids maximale (-32%) comparativement à la gastroplastie verticale calibrée (-25%) et à l'anneau gastrique (-20%). Une reprise de poids a été observée après chacune des trois techniques de chirurgie et le poids s'est stabilisé généralement 8 à 10 ans après l'intervention. Après 15 ans de suivi, la perte de poids a été́ évaluée à -25% pour le bypass gastrique, -18% pour l'anneau gastrique et – 13% pour la gastroplastie verticale calibrée. La généralisation de la sleeve en tant qu'intervention définitive étant plus récente, son efficacité sur la perte de poids n'a pas été évaluée dans l'étude SOS. Des travaux plus récents ont montré qu'après 1 ou 5 ans la perte de poids induite par la sleeve gastrectomie n'était pas significativement différente de celle induite par le bypass gastrique.
Ces travaux ont également confirmé que la sleeve tout comme le bypass étaient plus efficaces que la gastroplastie verticale calibrée pour induire la perte de poids.