Vous avez peut-être déjà entendu parler du mot « chéloïde » dans le jargon médical, sans forcément savoir ce que c’est précisément. Il s’agit d’une sorte d’excroissance de la peau, une boursouflure, qui se développe peu à peu pendant la cicatrisation de la peau. Il a été remarqué que ce type de cicatrice touche plus souvent les personnes à la peau pigmentée que les autres. Il est parfois possible de l’enlever de manière chirurgicale ou en utilisant la pressothérapie, la corticothérapie, des injections de bléomycine ou encore la radiothérapie.
Cette cicatrice est souvent dure, épaisse et parfois douloureuse. Elle se développe au niveau du derme sur une blessure, une plaie guérie ou sur des piercings et peut avoir l'aspect d'une petite boule. Sa forme dépend des individus et du cas, mais souvent, on remarque un aspect de lésions fermes avec des nodules fibreux ou brillants, un peu caoutchouteux. Le chéloïde peut être de couleur rose chair ou brun foncé selon la couleur de peau du patient.
Il est intéressant de préciser qu’elle est bénigne et n’est pas contagieuse. Par contre, selon le Docteur Picovski, comme il s’agit d’une cicatrice inflammatoire, elle peut être douloureuse ou provoquer de fortes irritations ou démangeaisons. Le phénomène est dû à une surproduction de tissus de cicatrices à l’intérieur du derme lors des étapes de réparation du tissu conjonctif.
Beaucoup se demandent s’il n’y a pas de risque que cela évolue vers un cancer, notamment après plusieurs années. Toujours selon le Docteur Picovski, cette hypothèse n’est pas à écarter, même si ce genre de cas est assez rare. Si vous ne faites rien pour l’enlever, elle pourrait évoluer au fil des années et dans des situations plus graves, elle pourra avoir un impact négatif sur la flexibilité de votre peau.
Après des années de recherches sur les traitements pour lutter contre les chéloïdes, les médecins peuvent aujourd’hui proposer diverses solutions. Pour traiter la cicatrice de façon médicale, le Docteur Jean-Luc Varlet préconise un massage quotidien en utilisant des crèmes à la cortisone, une compression de la zone concernée
avec une utilisation de pansements siliconés, des injections de corticoïdes dans la cicatrice ou un traitement au laser à colorant pulsé.
Vous pourrez aussi opter pour un traitement chirurgical qui a pour objectif d’enlever la plus grosse partie de la cicatrice pour réduire au maximum son volume en partant du centre tout en faisant attention à ne pas créer une cicatrice encore plus grande. Dans des cas isolés, on peut partir sur une exérèse totale.
Le Docteur Rida Zouhri, quant à lui, préfère l’excision cutanée avec les séances d’injection de PRF ou de PRP (Plasma Riche en Plaquettes). L’objectif reste le même pour tous les traitements: réduire de façon plus ou moins significative la taille de la cicatrice ou de la supprimer de façon chirurgicale pour atténuer au maximum son apparence. Mais cette dernière option n’est considérée qu’en dernier recours par les spécialistes et elle doit être accompagnée d’injections de corticoïdes.
Les peaux asiatiques et noires souffrent plus fréquemment des cicatrices chéloïdes mais il n'existe pas de règles, certaines peau blanches peuvent être concernées comme nous l'explique le Docteur Picovski. La plupart du temps, ces « traces » inesthétiques sont retrouvées chez les jeunes ou les enfants mais il n’est pas exclu que les adultes se retrouvent avec un chéloïde.
Selon la personne et la zone où se trouve la plaie ou la brûlure, la cicatrisation peut varier. Cependant, les zones les plus fréquemment marquées sont le bas du visage, le sternum, la région pubienne et les épaules. Il est également possible de contracter un chéloïde avec des piercings (nombril, oreilles, nez, tragus, téton...).
Il est important de rappeler que le temps vous permettra de déterminer s' il s'agit vraiment d'un chéloïde ou pas. En effet, il faut attendre un an et demi sans amélioration pour prétendre qu'il s'agit de cheloide. Si la cicatrice commence à s'améliorer dans le temps (entre 6 et 18 mois) sans avoir eu recours à un traitement, alors, on pourrait avoir affaire à une cicatrice hypertrophique. Mais au-delà d’un an et demi, si les boursouflures ne s'aplatissent pas, on pourra qualifier la cicatrice de chéloïde.
C’est une des étapes les plus importantes de votre opération. Il est fortement conseillé de faire appel à un spécialiste dans le domaine afin de limiter au maximum les risques encourus.
Le médecin devra être spécialisé dans le type de traitement dont vous avez besoin. Évidemment, dans presque tous les cas, c’est le chirurgien qui vous orientera lors d'une première consultation qui lui permettra de savoir si une méthode pourrait plus vous convenir qu’une autre.
Que ce soit pour une pressothérapie, un retrait chirurgical, une radiothérapie ou une corticothérapie, il ne faut pas se décider à la dernière minute ou se laisser tenter par la précipitation. Le mieux est de faire quelques recherches sur les sites spécialisés, comme le site du Conseil National de l’Ordre des Médecins afin de voir si le nom du médecin que vous allez voir y figure. Dans le cas où vous souhaitez réaliser un retrait chirurgical, il vous faudra faire appel à un chirurgien qualifié et agréé.
Une consultation est obligatoire pour chaque cas afin que le médecin puisse voir s’il s’agit bel et bien d’une chéloïde ou non. En effet, d’après le groupe Laser de la SFD, il existe plusieurs variétés de cicatrices et les paramètres de son évolution sont très complexes. C’est la raison pour laquelle une consultation dédiée est fortement conseillée.
Au début, vous pouvez consulter votre dermatologue si vous avez des doutes sur une démangeaison ou une cicatrice évoluant anormalement. Par la suite, si vous le souhaitez, et selon les conseils de votre médecin, vous pourrez prendre rendez-vous avec un chirurgien.
Une fois que vous avez déterminé le traitement à suivre avec votre médecin, nous vous donnons quelques indications sur le déroulé de chacune des ces procédures:
Chirurgie: si elle n’est pas toujours indiquée, notamment en raison du taux élevé de récidive, elle peutêtre bénéfique si on la pratique avec un traitement complémentaire. Par ailleurs, si la taille de la cicatrice est trop importante, ce pourrait être la seule solution à envisager. L’intervention se fait sous anesthésie locale et ne requiert pas de séjour à l’hôpital.
Pressothérapie: cette technique vise à assouplir et à aplanir la cicatrice en optant pour une solution de compression mécanique et permanente. Cette méthode a de nombreux atouts car elle permettra de réduire le diamètre des fibrocollagènes, participera à la régularisation vasculaire et diminuera les mucopolysaccharides. Selon les termes du Docteur Picovski, la partie du derme concernée sera asphyxiée. C’est un traitement un peu long, puisqu’il faudra environ 6 mois avant de voir les résultats.
Vous devrez porter des vêtements compressifs élastiques qui épouseront parfaitement votre corps, puisqu’ils seront adaptés à votre morphologie. Pour certaines parties du corps, le visage, par exemple, des pansements siliconés seront appliqués en permanence (24h/24). Il est important que les patients massent fermement leurs cicatrices 2 fois par jour pendant 5 minutes, nous informe le Dr Annes Kolbe.
Dermojet ou corticothérapie: les cicatrices épaisses répondent très bien à cette méthode. Il s’agit d’une injection à l’aide d’une microseringue qui prend la forme d’un stylo mais qui est dépourvu d’aiguille. Les médecins vont injecter des corticoïdes dans la cicatrice, comme le Kenacort* retard 40, par exemple. Il faudra injecter le produit sur toute la longueur du derme de la zone concernée. Le nombre de séances nécessaire dépendra du cas et de la taille de la cicatrice, mais les injections devront être espacées d’au moins trois semaines.
Radiothérapie: il s'agit de la solution à adopter en dernier, lorsque toutes les autres n‘auront pas fonctionné. La radiothérapie se fait par curiethérapie ou par voie interne, mais il faut savoir qu’une peau irradiée pourrait ouvrir la porte à divers risques de cancer, même si la quantité des doses utilisées n’est pas importante. Souvent, on associe cet acte avec une opération de réduction initiale. Avant ce type d’intervention, il est possible que vous deviez faire un scanner afin de délimiter la zone à traiter et vérifier les organes à protéger si la cicatrice se trouve dans une zone sensible. L’opération est effectuée sous anesthésie locale.
Tout dépendra de votre médecin, de votre cas et du type de traitement que vous allez subir. Dans la majorité des cas, et selon le Docteur Varlet, les traitements postopératoires sont toujours nécessaires. Un massage avec une crème à la cortisone peut être indiqué ainsi qu’une crème pour calmer les irritations de la peau ou des antalgiques si vous avez opté pour l’intervention chirurgicale.
Si vous avez une grosse cicatrice, il ne faudra pas vous attendre à une disparition complète, peu importe la méthode utilisée. Dans tous les cas, les résultats attendus sont la diminution et l’atténuation plus ou moins importantes de la taille et du volume de la chéloïde.
Les effets secondaires sont différents selon le traitement choisi, mais selon le Docteur Jean Claude Leclerc, c’est le Dermojet qui présente le plus de risques. Vous pourrez donc ressentir ou subir ces quelques désagréments après l’intervention :
● Infection
● Hématome
● Décoloration au niveau de la zone traitée
● Persistance de la cicatrice
Groupe laser de la SFD (2017). Lasers et dispositifs à base d’énergie et cicatrices : traitement, prévention, atténuation ? [online] Available at https://www.sfldlaser.com/... [Accessed 04 Feb. 2019].
Picovski, D. (2013) Le traitement des cicatrices chéloïdes [online] Docteur David Picovski. Available at : https://docteur-picovski.com/blog/cicatrices-cheloides/ [Accessed 04 Feb. 2019].
Leclerc, J-C. Traitement médical des cicatrices hypertrophiques et chéloïdiennes (corticothérapie, compression). [online] Docteur Jean Claude Leclerc. Available at : http://www.cicatrisation.info/traitement-medical-des-cicatrices-hypertrophiques-et-cheloides.html [Accessed 04 Feb. 2019].
Varlet, J-L. (n.d.). Cicatrices chéloïdes, traiter une chéloïde [online] Docteur Jean-Luc Varlet. Available at : http://www.drvarlet.net/DERMATOLOGUE/cheloides-traitement.html [Accessed 04 Feb. 2019].